EMPPREINTES FOSSILES, 2016-2020
(Tissus, chiffons ou bronzes)
Les empreintes fossiles sont un travail sur la rémanence de nos antécédants et de l’histoire de nos ancêtres.
A travers un regard sur le passé, l’enfance et sur l’histoire de ma famille - descendante d’un survivant de la Shoah - ce travail post-historique évoque, plus qu’une histoire personnelle, l’Histoire de l’Humanité reposant depuis la nuit des temps sur des guerres, des meurtres, des viols, des génocides et desquels ont germé nos familles et nos civilisations. Ce corpus de sculptures se fonde sur l’idée prégnante selon laquelle nos civilisations se sont engendrées sur la stèle funéraire - le cimetière - des peuples blessés et annihilés. Elles prennent la forme de traces et de marques d’un passé fossilisé et tentent de témoigner de la genèse de l’humanité et d’un “invisible à dire”.
“La vérité, c’est que de la misère, on ne peut rien dire. Elle laisse sans voix. Il faut passer outre, se taire, faire comme si ça n’avait pas eu lieu. On revient de la misère comme on revient de la guerre, absent, mutique: ceux qui sont allés au front ou dans les camps ne parlent pas. Ou bien longtemps après, quand la douleur s’est dissipée, laisse-t-elle enfin passer non ce qu’elle a été, mais le souvenir confus de ce qu’elle fut. C’est le moment où l’on ne se souvient même plus que l’on ne se souvient plus. ”
“Pour qu’une histoire soit merveilleuse, il faut que le début soit terrible [...] mais que le malheur reste acceptable et que personne n’en sorte sali, ni celle qui raconte, ni ceux qui écoutent.”
“[...] elle ne l’a jamais raconté. Comme si elle ne s’en était jamais souvenue. Comme si ça n’était jamais arrivé.”
“Comme une survivante, elle porte en elle un monde incommunicable. Et c’est cela qui les effraye, cette puissance qu’ils ne comprennent pas ”
“Elle dit qu’elle est jeune et qu’elle est vieille, elle dit qu’elle a vingt ans et que tout lui est arrivé. Elle a dit qu’elle a vu le diable [...] elle ne veut plus avoir peur. Elle est l’enfant volée [...].”
“[...] le massacre des vivants transmettra le chagrin à leur descendance, et qui les consolera, ces enfants de la paix qui porteront l’invisible peine de leurs pères? Il y a un souvenir et une trace dans l’univers, qui ne s’effacent pas. Rien ne s’invente. Et rien ne s’efface. ”
“Je crois que les âmes des enfants sont les héritières d’une mémoire historique visuelle venue des generations précédentes.”
“Pour le Caravage, il s’agissait plus simplement d’une façon d’imposer sa vérité nourrie de commisération pour l’humanité souffrante.”